Rapport de mission : NISAR

Décollage de NISAR à bord de GSLV-F16 © ISRO

Ce mercredi 30 juillet a eu lieu le lancement du satellite NISAR pour le compte de l’ISRO et de la NASA, par une fusée GSLV Mk II. Il a été réalisé à 12:10 UTC (16:40 heure locale) depuis le Second Pas de tir du centre Satish Dhawan au sud-est du sous-continent bharati, et ce sans accroc. Il s’agissait du troisième lancement indien de 2025, après une malfonction du troisième étage du lanceur PSLV en mai, transportant la charge utile EOS-09  : un satellite SAR du même acabit que celui qu’on décrira plus loin. Dans le cas présent, la mission n’a rencontré aucune complication et figurait comme succès conjoint entre l’Inde et les USA.

Infographie de la mission © Space Intelligence via X-Twitter

La charge utile qu’emporte cette mission est le fruit d’un travail de collaboration payant entre l’ISRO et la NASA, échafaudé dès 2014 par la signature d’un partenariat et techniquement amorcé en 2019. Portant l’acronyme NASA-ISRO Synthetic Aperture Radar, ce satellite d’observation de 2.4 t est chargé d’une mission sans pareille visant à inspecter la Terre à l’aide la méthode de radar à synthèse d’ouverture SAR, une opération indépendante de toute condition météorologique ou d’ensoleillement. De jour comme de nuit et voyant au travers des nuages, NISAR passera au dessus des pôles et sera taillé pour couvrir quasiment tous les paternes à la surface de la Terre en 6 jours, ainsi qu’à relever fréquemment des changements à l’échelle du centimètre sur les terres émergées et les glaces. L’accent est mis sur la prédiction de phénomènes tels que les séismes, éboulements et éruptions volcaniques, auquel s’ajoute le repérage des mouvements de terrain, la fonte des banquises, feux, et aménagements anthropiques relevant par exemple de la production agricole et des infrastructures urbaines.

NISAR avant son encapsulation dans la coiffe © ISRO

Le déploiement à partir de son étage d’injection est intervenu 17 minutes dans la chronologie de lancement, et le satellite a bien été placé sur une orbite SSO à 745 kms d’altitude. Les systèmes de bord seront vérifiés sur un temps de 90 j alors qu’une des pièces maîtresses, l’énorme antenne, sera ouverte au bout de 17 j suite au décollage. La mission de NISAR assure d’être sans pareille et de bénéficier considérablement à la recherche environnementale, d’autant plus qu’elle rendra disponible publiquement une moisson de 80 To de données quotidiennement, ce qui représente bien plus que n’importe quel satellite similaire dont disposent la NASA ou l’ISRO. Prévue pour une durée minimale d’activité de 5 ans, le rendu de la mission est proportionnelle à ses frais, car elle s’acquitte de pas moins de 1.5 milliards de dollars de développement, à 80% américains. Outre donc sa valeur scientifique très conséquente, NISAR rentre dans les annales en tant que l’un des satellites les plus chers jamais dispensés pour nous renseigner sur l’état versatile de notre planète, ainsi que les risques croissants que l’on encourt.

Vue d'artiste du satellite en orbite, surmonté de son réflecteur © NASA / JPL-Caltech

Vidéo montrant le lancement © ISRO via Youtube

Le lanceur utilisé appartenait au type des GSLV (Geosynchronous Launch Vehicle) et à sa deuxième itération (d’où le Mark II), l’une des plus puissantes et effectives du parc de fusées indien. Il comportait ici une coiffe de 4 m de diamètre, supportée par quatre propulseurs latéraux liquides à moteur Vikas hypergoliques (de même qu’au deuxième étage), un moteur solide S139 à son premier étage et un moteur cryogénique CE-7.5 à son composite supérieur, ce pour une hauteur totale de 52 m. Le troisième étage étant de conception indigène, l’ensemble présente une capacité de 2.5 t vers une orbite de transfert géostationnaire GTO ou 3.5 t vers une orbite basse LEO.

Bande-annonce de présentation de la mission © NASA

"Les observations de NISAR procureront de nouvelles connaissances et des bénéfices tangibles aux communautés à la fois aux US et dans le monde. Ce lancement marque le début de moyens neufs pour regarder la surface de notre planète, afin de comprendre et d'anticiper les catastrophes et autres changements dans le milieu terrestre affectant vies et aménagements"
Karen St Germain, directrice de la Division pour les Sciences de la Terre à la NASA,
dans un communiqué de l'agence post-lancement

Le satellite est muni à cette fin de l’appareillage IRIS (Integrated Radar Instrument Structure) qui appuie l’observation en bande duale : une première pour un système SAR en orbite. NISAR y embarque deux instruments chacun apprêtés par les parties américaine ou indienne : un radar en bande S fourni les US tandis que l’Inde s’est occupée d’un autre radar en bande L, sans compter les services annexes respectivement engagés sur de l’équipement d’ingénierie, le réflecteur et son bras, et en parallèle le bus du satellite, l’alimentation solaire et le lancement. Pour précision, la bande L d’un radar correspond à une longueur d’onde de 24 cms et peut pénétrer la canopée ou couches de glace, tandis que la bande S associe une longueur d’onde plus courte de 10 cms et rend accessibles les plus petits détails de surface. Relevons enfin la taille du réflecteur plaqué or positionné en surplomb: 12 m de diamètre, tenus d’émettre ou de recevoir les signaux vers ou réfléchis par la Terre, dans le domaine des micro-ondes.

Du personnel américain et indien posent devant le satellite, lors de l'intégration d'IRIS à celui-ci au Centre Satellitaire U R Rao, à Bengaluru © ISRO
Vue d'artiste de NISAR annoté des contributions américano-indiennes © NASA / JPL-Caltech

Pour en savoir plus et approfondir les détails relatifs à NISAR, référez-vous aux portails officiels dédiés de la NASA et de l’ISRO, et aux articles de Mike Wall pour space.com, Justin Davenport pour Nasaspaceflight, Ajey Lele pour The Space Review et Manish Purohit pour India Today !

Quand à moi, je vous souhaite un bon retour sur Terre et d’ici votre prochain vol, longue vie et prospérité ! 🖖

Merci de même à Pierre-François Mouriaux pour sa relecture !

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