Rapport de mission : USSF-51
Ce jeudi 30 juillet a eu lieu le lancement de la mission USSF-51 pour le compte de l’US Space Force ou USSF, par une fusée Atlas V de ULA (United Launch Alliance). L’entreprise codétenue par Boeing et Lockheed Martin l’a réalisé à 10:45 UTC (6:45 heure locale EDT) depuis le SLC-41 (Space Launch Complex-41) de la base de Cape Canaveral en Floride, et ce sans accroc. Ce 101è vol pour la compagnie, suivant de près celui de la capsule Starliner pour sa mission CFT début juin (selon les fréquences habituelles de ULA), est saillant dans la mesure où il s’agissait du dernier impliquant une mission classifiée et exécutée par Atlas V, ce d’autant plus que ULA performait son 100è lancement militaire en 18 ans et Atlas V son 58è du même type.
Atlas V entame donc sa fin de carrière puisque qu’il ne lui reste qu’une quinzaine de lancements, qui serviront à l’envoi de satellites Kuiper de la constellation d’Amazon et du satellite de télécommunications ViaSat-3 EMEA, toujours sous la forme 551, ainsi qu’à celui du véhicule Starliner une fois opérationnel, avec la variante N22. Vulcan prendra la relève, ayant déjà fait ses preuves lors d’un premier vol de certification en janvier, en vue de couvrir toute la gamme de missions qu’on pu lancer précédemment Delta II, Delta IV et Atlas V. Qu’on le veuille ou non, on aura assisté à la clôture de plusieurs décennies de missions de sécurité nationale délivrées par la légendaire famille de lanceurs Atlas, active depuis 1957.
USSF-51 intervenait, comme mentionné plus tôt, dans une optique militaire visant à renforcer et maintenir les capacités de projection, de transmissions couvertes ou de surveillance des USA et de leurs alliés, au profit de forces terrestres, marines et aériennes éparpillées à travers le monde. Cette mission de défense critique, en plus de démontrer la résilience américaine dans ce domaine, s’articulait de même au sein du programme NSSL (National Security Space Launch) que mène l’US Space Force et dont ULA est un acteur primaire. Ce dernier s’avérait privilégié avant que d’autres compagnies commerciales comme SpaceX et Blue Origin s’interposent, et qui ainsi tentent de s’accaparer la part du lion en terme de lancements classifiés. USSF-51 faisait partie d’un agenda fixé par un assignement du contrat de Phase 2 du NSSL de 1ère année, évalué 3,4 milliards de dollars, qu’ULA avait obtenu en mai 2019 au côté de SpaceX, et à l’origine finalement, la mission était censée s’envoler à bord de Vulcan avant qu’on ne le substitue en juin 2021.
Vidéo montrant des moments forts du lancement © ULA via Youtube
Le lanceur utilisé appartenait à la classe de l’Atlas V et à la configuration 551 ; autrement dit, un Atlas V 551 comporte une coiffe de 5 mètres de diamètre, 5 propulseurs latéraux GEM-63 et un un moteur RL-10 à son étage supérieur, autrement appelé Centaur. Couplé à la mise en marche de son moteur central, le RD-180 russe à double chambre de combustion et tuyère, l’ensemble fournit une très forte poussée au point où elle est la configuration la plus performante de la gamme des Atlas V. A ce titre, le charismatique PDG de ULA Tory Bruno la surnomme « The Bruiser », soit en français « Le Cogneur ». Ce lancement était particulier aussi car, confidentialité oblige, la rediffusion en direct a été coupée aussitôt le BECO (Booster Engine Cut-Off, l’extinction de l’étage central) et l’allumage de Centaur effectués. Le succès de la mission a été confirmé sept heures plus tard.
Décollage du lanceur depuis la base du pas de tir et le carneau © Tory Bruno via X-Twitter
Comme d’ordinaire en ce qui concerne les lancements classifiés, peu d’information si ce n’est aucune ne sont disponibles au sujet d’USSF-51, mis à part qu’Atlas s’est envolé en direction de l’est avant un placement de sa charge utile sur une orbite de parking par Centaur, puis que celle-ci doit prochainement être insérée en GEO (Geosynchronous Earth Orbit), soit en orbite géostationnaire équatoriale à des fins secrètes. On se contenterait également du patch de mission, plaqué avant le décollage contre la coiffe de la fusée, qui représentait en l’occurrence un pégase et une étoile rouge, assortis de la devise latine « Alis Grave Nil » signifiant « Rien n’est trop lourd pour ceux ayant des ailes ». Sur X-Twitter, on apprendra enfin de la part de l’astronome Jonathan McDowell, traqueur invétéré de lancements spatiaux, que trois objets auraient été catalogués à la suite du lancements, nommés USA 396, 397 et 398.
Pour en savoir plus et approfondir les détails relatifs à USSF-51 ou à Atlas V, référez-vous à la page officielle de la mission sur le site d’ULA, le communiqué de presse du Commandement de la Space Force, et aux articles de Mike Wall pour space.com, Sandra Erwin pour SpaceNews, Will Robinson-Smith pour Spaceflight Now ou Justin Davenport pour NasaSpaceFlight !
Quand à moi, je vous souhaite un bon retour sur Terre et d’ici votre prochain vol, longue vie et prospérité ! 🖖
Merci de même à Pierre-François Mouriaux pour sa relecture !