Il y a 60 ans : l'URSS inaugurait le lanceur UR-500 'Proton'

Le premier exemplaire de l'UR-500 sur son pas de tir à Baïkonour © Roscosmos via 'Chroniques Spatiales' sur Telegram
Timbre émis pour l'Exposition Universelle de 1967, en hommage à Proton 1 © Musée de la Cosmonautique de Moscou via Telegram

Sa charge utile porte le nom de Proton 1, soit la même appellation que celle sous laquelle on connait la fusée de nos jours ; c’était en effet un usage soviétique que de systématiquement transmettre le nom de l’objet au lanceur qui le propulsait. Il s’agissait d’un satellite scientifique de 12.2 tonnes et d’analyse magnétosphérique, rendant des mesures sur les rayons cosmiques ou les particules à haute énergie. Ses instruments, sous la responsabilité de l’Institut de physique nucléaire de l’Université d’Etat de Moscou, comprenaient des détecteurs et des télescopes dont un à effet Cherenkov (centré sur les émissions gamma). La structure de l’engin se constituait autour d’un cylindre à bouts convexes avec compartiment hermétique, une stabilisation par rotation ou quatre panneaux solaires disposés en raquettes au sommet.

Assemblage d'un Proton (dont on voit le premier étage à droite) en 1989 © Archives techniques RGANTD

Alors engagée de plein fouet dans la course à l’espace contre les Etats-Unis et sur une bonne lancée, l’Union Soviétique souhaite s’acquitter d’un système de transport lourd, conjointement aux tirs de son fameux missile spatial R7. L’exécutif du Parti ordonne en 1962 le développement de ce projet à l’OKB-52 (i.e. bureau d’étude) de l’ingénieur Vladimir Chelomeï, qui s’y était apprêtée dès l’année précédente. Ce sera le lanceur UR-500 (pour Universalnaya Raketa -UR), de sa dénomination technique 8K82, que l’on voulait déployer à l’origine en tant qu’ICBM (missile intercontinental) mais dont on ne retiendra que le volet orbital. Produit à l’usine moscovite Krounitchev par des moyens de manufacture jamais éprouvés alors et exclusifs, le premier exemplaire en sort pour être acheminé par voie ferroviaire à la base de Baïkonour.

Au centre, un satellite Proton 1 exposé au pavillon spatial du parc d'exposition VDNKh de Moscou, dans les années 1970 © Roscosmos via Prokosmos

La fusée de 580 tonnes verticalisée sur son pas de tir du Site 81, les équipes en charge du tir rencontrèrent un problème lorsqu’un conduit d’alimentation n’ayant pas été correctement scellé, une fuite de comburant, soit du peroxyde d’azote, se produisit sur le harnais électrique qui joignait le lanceur. N’engendrant aucun court-circuit, on décida toujours procéder au tir. Le décollage eut lieu le 16 juillet 1965 à 11:17 UTC et sa suite fut concluante avec réception de signal de la part du satellite, qui sera opérationnel durant 45 jours sur une orbite de 183 x 589 kms à 63.5°.

Par la suite, Proton deviendra un indispensable dans le parc de lanceurs soviétiques puis russe : après le lancement de quatre satellites Proton similairement orientés sur les radiations en 1965 et 66, il sera envisagé comme un élément du programme d’alunissage de l’URSS via l’itération Proton-K en 1967. Celle-ci et sa version modernisée, Proton-M en 2000, seront employées dans l’envoi de charges utiles de masse conséquente. Avec plus de 400 lancements à son actif, Proton a accouché d’une lignée fort productive et aidé au déploiement de nombreux objets d’intérêt : satellites géostationnaires Radouga ou Ekran, sondes interplanétaires Luna, Venera et Mars, stations Saliout et Almaz, ou modules assemblés à Mir et l’ISS.

Pour en savoir plus et approfondir les détails relatifs à ce lancement ou à Proton, référez-vous (pour les russophones ou en traduisant) au communiqué de la Bibliothèque de la présidence russe, à l’article dédié du Département des archives techniques russes, aux pages sur Proton 1 des archives de la NASA, l’UR-500 de Mark Wade pour Astronautix, ou aux posts Telegram du Musée de la Cosmonautique de Moscou ou de Roman Belousov pour Chroniques Spatiales !

Quand à moi, je vous souhaite un bon retour sur Terre et d’ici votre prochain vol, longue vie et prospérité ! 🖖

Merci de même à Pierre-François Mouriaux et Nicolas Pillet pour leur relecture !

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