Rapport de mission : Galactic 02

Rapport de mission : Galactic 02

Le vaisseau USS Unity allumant après largage son moteur hybride © Virgin Galactic

Ce 10 août 2023 a eu lieu le lancement de Galactic 02, la seconde mission commerciale de Virgin Galactic et la première embarquant des touristes privés. Il s’agissait d’un vol s’étant approprié nombre de premières et survenant alors que la compagnie de Richard Branson s’engage dans une phase de relance, suivant une période d’inactivité de deux ans et amorçant les vols opérationnels depuis la mission Galactic 01, le 29 juin, qui se déroula en collaboration avec l’ASI, l’agence spatiale italienne, et le Conseil de Recherche National. L’entreprise dispose d’une clientèle de plusieurs centaines de personnes ayant acheté leurs tickets à un prix variant de 200 000 à 450 000 dollars, et elle compte à court-terme bénéficier d’une cadence de vol mensuelle.

Infographie représentant les différents milestones établis par Galactic 02 © Virgin Galactic

Vidéo en slow motion du largage et de la propulsion verticale du VSS Unity © J. Beyer / NSF via X-Twitter

Le VMS Eve était piloté par Mike Masucci et Nicola Pecile, chevronnés et ayant déjà été aux commandes de Unity lors du précédent vol Galactic 01 ce 29 juin, tandis que l’équipage du VSS Unity comprenait six personnes : le commandant Frederick dit CJ Sturckow et le pilote Kelly Latimer dans le cockpit, ainsi que l’entraineuse principal des astronautes chez Virgin Galactic Beth Moses qui réalisait son quatrième vol, l’octogénaire britannique Jon Goodwin et les caribéennes Keisha Schahaff et Anastatia Mayers. 

Infographie représentant les trois passagers touristiques du vol © Virgin Galactic

Unity et son vaisseau mère Eve auquel il était rattaché ont décollé à 14:30 UTC de la piste du Spaceport America, longue d’environ 3600 mètres. Trois quarts d’heure plus tard, à 15:17, Eve, arrivé à une altitude de 15 kilomètres, a relâché l’avion spatial qui alluma presque aussitôt son moteur afin de se propulser verticalement vers la haute atmosphère à une vitesse atteignant Mach 3. Sa trajectoire parabolique le mena à un apogée de 85,5 kilomètres, soit une altitude maximale supérieure à la limite communément définie comme la frontière avec l’espace aux USA, et les passagers du vaisseau purent se détacher et profiter pendant quelques minutes des joies de l’impesanteur. Parallèlement, les ailes de Unity se relevèrent de 60° dans le but d’augmenter la trainée du vaisseau lors de sa rentrée atmosphérique. Unity quitta l’espace extra-atmosphérique et, en planant, se dirigea vers sa piste du Nouveau Mexique où il se posa en douceur à 15:32.

Envol vertical de l'avion spatial Unity © Virgin Galactic

Compilation des moments forts de l’ascension et de l’apogée de Galactic 02 © Virgin Galactic

Le système de vol que Virgin Galactic a mis au point est d’autant plus particulier qu’il se distingue de celui de ses concurrent directs sur le marché du tourisme spatial, SpaceX et Blue Origin, par la dualité entre les deux éléments qui la constituent. Le vaisseau via lequel les passagers se rendent dans l’espace, SpaceShipTwo ou le VSS Unity, est en effet un avion spatial aéroporté dont le décollage s’effectue par le biais d’un plus grand véhicule à double fuselage, White Knight Two, l’exemplaire actuellement utilisé se dénommant le VMS Eve. L’un joint à l’autre, le couple performe ensemble la partie préliminaire du vol suborbital, mais Unity se détache par la suite d’Eve et engage sa propulsion hybride sur une trajectoire suborbitale. De ce fait, les passagers jouissent à bord d’un bref moment en impesanteur, à l’instar de ceux que transporte la capsule New Shepard.

Photo du couple VMS Eve - VSS Unity prise lors du premier test captif d'Eve à la base californienne de Mojave, le 8 septembre 2016 © Virgin Galactic

Ces deux dernières sont mère et fille originaires d’Antigua-et-Barbuda, un petit état des Antilles comptant moins de cent milles habitants. Keisha, coach en bien-être et santé de 46 ans, avait deux ans auparavant remporté un concours tenu par Space for Humanity, une organisation à but non-lucratif visant à « étendre l’accès à l’espace à l’humanité entière » et gagné deux places sur un vol suborbital. Elle choisit Anastasia, étudiante de 18 ans à l’Université d’Aberdeen, pour l’accompagner, devenant ainsi le premier duo mère-fille et les premiers citoyens antiguayens à se rendre dans l’espace ; de même Anastasia, du fait de son âge, est à présent la plus jeune astronaute de l’histoire, devant Oliver Daemen qui détenait ce record depuis la mission NS-16 de Blue Origin en juillet 2021.

Jon Goodwin quand à lui dut patienter de nombreuses années avant de voler puisqu’il avait acheté une place sur le SpaceShipTwo en septembre 2005, et s’avère donc un aspirant touriste de la première heure. Ancien athlète et canoéiste, il prit part à l’épreuve de slalom des Jeux Olympiques de 1972 à Munich. Etant devenu le premier olympien dans l’espace, il souffre également de la maladie de Parkinson, une pathologie qu’on lui a diagnostiqué en 2014.

La Terre observée à 85 kilomètres d'altitude, sa courbure étant nettement visible © Virgin Galactic
Anastatia Mayers portant le regard vers l'extérieur de l'un des hublots d'Unity © Virgin Galactic

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