Rapport de mission : GOSAT-GW

Ce samedi 28 juin a eu lieu le lancement du satellite GOSAT-GW pour le compte de la JAXA et d’autres instituts japonais, par une fusée H-2A de MHI (Mitsubishi Heavy Industries). Le groupe industriel de pointe l’a réalisé à 16:33 UTC (1:33 heure locale JST) depuis le LP-1, premier pas de tir du complexe de Yoshinobu, du centre de Tanegashima à l’extrême sud de l’archipel, et ce sans accroc. Il s’agissait du second lancement nippon de 2025 après celui de la fusée de plus récente génération H3 en février, pour servir le système de navigation national ZQSS, mais surtout de l’envolée finale de ce qui fut pendant deux décennies le fer de lance du programme spatial du pays.

La charge utile qu’emporte cette mission est le fruit d’un travail de collaboration entre la JAXA, le MIE (Ministry of Environment) et le NIES (National Institute for Environmental Studies), qui tâchent d’assurer le suivi des émissions de gaz à effet de serre (GES) et du cycle de l’eau de notre planète. Portant l’acronyme Global Observing SATellite for Greenshouse gases and Water cycle, ce satellite d’observation de 2.6 tonnes s’inscrit dans la recherche environnementale en affinant notre compréhension du changement climatique en cours, soit en détectant les sources et dynamiques de GES et en affinant les prédictions relatives aux catastrophes naturelles, toujours croissantes en intensité et plus erratiques. En tant que GOSAT troisième du nom, il se place dans la continuité de ses prédécesseurs dans la surveillance des GES, i.e. GOSAT-1 ou Ibuki lancé en 2009 et GOSAT-2 alias Ibuki-2 lancé en 2018 (Ibuki signifiant poétiquement ‘souffle‘), ainsi que de la mission analogue pour les variations du cycle de l’eau GCOM-W ou Shizuku lancée en 2018 (son acronyme signifiant Global Change Observation Mission – Water).


Mettant le cap vers le sud, H-2A a percé le ciel nocturne et accompli sa mission avec le brio que ses équipes lui connaissent. 6 min et 38 s après le décollage, le premier étage s’est éteint en laissant le second prendre le relais, lequel a fonctionné durant 8 min et 15 s. Le déploiement de GOSAT-GW est ensuite intervenu 16 minutes dans la chronologie, puis la JAXA a confirmé quelques jours après ce lancement réussi que le satellite avait passé sa phase d’opérations critique, consistant en l’ouverture de ses panneaux solaires, l’ouverture de loquets sur les instruments ou de l’antenne liée à AMSR3. Après sa vérification fonctionnelle, il sera censé opérer durant 7 ans sur une orbite SSO (héliosynchrone) de 666 kms à 98°, avec une heure de passage en un point du globe fixé à 13:30.

Vidéo montrant le lancement © JAXA / MHI via Youtube
Le lanceur utilisé appartenait au type des H-2A et à la configuration 202 : autrement dit, un H-2A 202 comporte une coiffe de 4 m de diamètre, deux propulseurs à poudre SRB-A3, un moteur LE-7A à son étage inférieur et un LE-5B à son étage supérieur, les deux alimentés par un mélange hydrolox (hydrogène et oxygène liquides) pour une hauteur totale de 53 m. Sous la manufacture de MHI, la fusée a complété son dernier vol, dénommé F50, en conclusion à une longue et prolifique carrière : elle aura en effet été active sur 24 ans, son premier lancement datant de 2001, et en enregistre donc 49 autres pour un rythme moyen de deux par an. Elle se sera de fait bâti une réputation solide en affichant une fiabilité de 98% en envoyant dans l’espace nombre de passagers notables, tels que la sonde vénusienne Akatsuki, l’alunisseur SLIM, le télescope XRISM ou la sonde de collecte d’échantillons Hayabusa 2.

Vidéo montrant le déploiement et la structure du satellite en orbite © JAXA via Youtube
Le satellite est muni de deux instruments l’aidant à cette fin : l’un est le radiomètre multispectral AMSR3 (Advanced Microwave Scanning Radiometer) se chargeant de mesures géophysiques sur les quantités d’eau à la surface de la mer, sur terre et dans l’atmosphère, les précipitations, les températures, etc, ce sur un nombre de bandes de fréquences accru par rapport à son homologue antérieur afin de repérer les chutes de neige et la vapeur dans la haute atmosphère ; l’autre est le spectromètre TANSO3 (Total Anthropogenic and Natural emissions mapping SpectrOmeter) évaluant de même sur plusieurs bandes et dans l’infrarouge les concentrations de GES, notamment le dioxyde de carbone et le méthane, avec précision et sur un mode continu.
Décollage du lanceur avec son lot de crépitements © MHI via X-Twitter

Pour en savoir plus et approfondir les détails relatifs à GOSAT-GW ou au H-2A, référez-vous à la page officielle de la mission sur le site de la JAXA, son descriptif sur le portail européen pour l’observation terrestre, et aux articles de Josh Dinner pour space.com, William Graham pour Nasaspaceflight ou Jessica Speed pour The Japan Times !
Quand à moi, je vous souhaite un bon retour sur Terre et d’ici votre prochain vol, longue vie et prospérité ! 🖖
Merci de même à Pierre-François Mouriaux pour sa relecture !